L’objectif de ce projet est de mettre en place le premier site expérimental de démonstration et de recherche en agroforesterie intra-parcellaire dans le contexte agropédoclimatique du Pas-de-Calais pour étudier ses performances agro-économiques et environnementales.
C’est le premier site expérimental en agroforesterie au nord de la France, équipé pour suivre dans le long terme le bilan en eau et en azote de l’agroforesterie intra-parcellaire en grandes cultures. Le site est utilisé par Junia comme support d’activité pédagogique et de recherche.
Le dispositif expérimental a été installé en novembre 2018 à la SCEA Dequidt à Ramecourt sur une parcelle de superficie de 18 ha appartenant à M. Dequidt (agriculteur : grandes cultures). Trois systèmes agroforestiers, associant ou non des arbres légumineux sont comparés avec des parcelles témoins (agricoles TA et forestières TF) selon un dispositif en bloc aléatoire avec 3 répétitions. Dans les parcelles agroforestières, les arbres de hautes tiges sont intercalés tous les 1 m par 9 espèces d’arbustes. Pour étudier l’effet de l’ombrage des arbres sur la culture, trois lignes de 3 tilleuls adultes (25 ans) ont été plantées en avril 2019. Le site a été équipé de capteurs permettant de suivre à court, moyen et long terme des indicateurs sols (fertilité physique, chimique et biologique du sol à différentes profondeurs et distances de l’arbre), croissance des plantes (biomasse aérienne et sous-terraine, santé des plantes), environnementaux (biodiversité, érosion des sols, qualité de l’eau, séquestration du carbone, résilience face aux changements climatiques, bilan en eau et en azote) et socio-économiques (temps de travail, investissement, calcul de marge brut, évolution paysagère).
La caractérisation initiale du sol avant la plantation montre une homogénéité de la parcelle pour les paramètres physico-chimiques et biologiques des sols. La population des macrofaunes est dominée à 64% par des espèces de la famille des carabidés en particulier le coléoptère. Après 6 mois de plantation, les parcelles arborées présentent une population plus diversifiée de microarthropodes, probablement dû à la création d’habitat non perturbé le long de la ligne d’arbres. L’ombrage des arbres retarde la date d’épiaison de l’orge. Cependant, ce retard s’estompe dans le temps car l’orge arrive au même stade de maturité à la récolte. Aucun effet significatif de l’ombrage sur l’ensemble des composantes du rendement de l’orge n’a été observée. En terme économique, la plantation des arbres a coûté environ 109€ ha-1 à l’agriculteur après déduction de la subvention européenne. Les lignes d’arbres entraînent une perte 4.7% de la superficie arable.
En perspectives, le site sera équipé de caméras fixes pour mesurer l’évolution paysagère ainsi que des pyranomètres pour mesurer le degré d’ombrage sous les arbres adultes. La résilience face au changement climatique sera évaluée par simulation de l’évolution (i) du stock de carbone dans les plantes et le sol et (ii) de la production de biomasse selon les types de climat. Le partage des ressources en eau et en azote ainsi que la distribution racinaire seront quantifiés.